mercredi 8 février 2012

Être et Avoir



 Loin des vieux livres de grammaire,
  Écoutez comment un beau soir,
  Ma mère m’enseigna les mystères
  Du verbe être et du verbe avoir.
  Parmi mes meilleurs auxiliaires,
  Il est deux verbes originaux.
  Avoir et Être étaient deux frères
  Que j’ai connus dès le berceau.
   Bien qu’opposés de caractère,
  On pouvait les croire jumeaux,
  Tant leur histoire est singulière.
  Mais ces deux frères étaient rivaux.
   Ce qu’Avoir aurait voulu être
  Être voulait toujours l’avoir.
  À ne vouloir ni dieu ni maître,
  Le verbe Être s’est fait avoir.
  Son frère Avoir était en banque
  Et faisait un grand numéro,
  Alors qu’Être, toujours en manque.
  Souffrait beaucoup dans son ego.
  Pendant qu’Être apprenait à lire
  Et faisait ses humanités,
  De son côté sans rien lui dire
  Avoir apprenait à compter.
  Et il amassait des fortunes
  En avoirs, en liquidités,
  Pendant qu’Être, un peu dans la lune
  S’était laissé déposséder.
  Avoir était ostentatoire
  Lorsqu’il se montrait généreux,
  Être en revanche, et c’est notoire,
  Est bien souvent présomptueux.
  Avoir voyage en classe Affaires.
  Il met tous ses titres à l’abri.
  Alors qu’Être est plus débonnaire,
  Il ne gardera rien pour lui.
  Sa richesse est tout intérieure,
  Ce sont les choses de l’esprit.
  Le verbe Être est tout en pudeur,
  Et sa noblesse est à ce prix.
  Un jour à force de chimères
  Pour parvenir à un accord,
  Entre verbes ça peut se faire,
  Ils conjuguèrent leurs efforts.
  Et pour ne pas perdre la face
  Au milieu des mots rassemblés,
  Ils se sont répartis les tâches
  Pour enfin se réconcilier.
  Le verbe Avoir a besoin d’Être
  Parce qu’être, c’est exister.
  Le verbe Être a besoin d’avoirs
  Pour enrichir ses bons côtés.
  Et de palabres interminables
  En arguties alambiquées,
  Nos deux frères inséparables
  Ont pu être et avoir été.